Auguste Chabaud en Provence

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Peintre expressionniste, ses sujets d’inspiration sont les paysages des Alpilles, le calme et la tranquillité de la Montagnette et les scènes rurales des villages de Provence. Dépouillée de tout folklore, la Provence de Chabaud est monumentale, pleine de vie, d’intensité picturale, brûlée sous la lumière accablante du soleil. Le paysage, résolu en formes simples et aux formes cernées de traits noirs épais, est construit à partir de quelques éléments symboliques, dans un chromatisme réduit, présidé progressivement par un bleu de Prusse éclatant. Dans ses portraits, il capture frontalement les visages ou découpe vivement leur profil, racontant la solitude des hommes dans le monde moderne.

À la manière des fauves, la ferveur de la touche, une grande simplification du dessin, l’emploi des couleurs pures juxtaposées caractérisent sa liberté d’expression et sa volonté de renouveler l’art de peindre son propre paysage. Fier de ses racines, Chabaud revendiquera toujours un art instinctif et une position marginale dans le champ artistique. Chabaud est un passionné, exigeant sur la qualité de son art.

De sa jeune époque parisienne, Auguste Chabaud est fasciné par le bouillonnement de la capitale, sa modernité agressive et peint les rues animées et les places désertes, les scènes de la vie nocturne, les maisons closes, dans un graphisme rapide, synthétique, proche parfois de la caricature. Il expose aux côtés des principaux acteurs du fauvisme, Matisse, Derain, Vlaminck et Picasso en France et à l’étranger. Le Sud, qu’il n’a jamais cessé de peindre pendant cette période, va l’occuper pleinement à son retour de la guerre, en 1919, où il s’installe définitivement à Graveson, dans les Alpilles dans la propriété viticole familiale, le mas Martin. Frédéric Mistral a pu l’influencer dans ce retour à la terre plus encore que le besoin d’exploiter le mas Martin. Ses écrits, tel « Poésie pure, peinture pure », démontrent qu’il devient sensible à des valeurs plus simples, de vie et de pensée naturelle.

De cette retraite dans le midi, Chabaud se met à peindre à Graveson avec l’accent du cru, colorant sa peinture pour lui conférer une intonation plus particulièrement pure. Son art dévoile les cheminements de l’artiste vers ses découvertes, ses goûts du moment et ses attendrissements devant la nouveauté. Sa peinture est toujours lumineuse, en harmonie avec l’amitié et la tendresse qu’il porte pour son pays, ses habitants et ses coutumes, «  Amo di moun païs ! » Sa période provençale est la plus prolifique en terme d’expositions, tant en Provence qu’à l’étranger et surtout à Paris (Galerie Montaigne, Galerie Katia Granoff, Cercle artistique et littéraire de Paris).
De sa période définie de « cubiste instinctif », il élabore une œuvre sculptée dans la pierre de Fontvieille, comme beaucoup de ses confrères fauves. Dans l’enthousiasme de ses débuts d’artiste, il est difficile de ne pas participer à la frénésie qui s’est emparée des novateurs de cette époque. De plus, à quelques kilomètres de Graveson, à Avignon et à Sorgues, se sont installés Pablo Picasso et Georges Braque, que Chabaud connaît, et où les deux compères initient un dialogue qui ne doit finir qu’à leur disparition.

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