Surfer sur la vague

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Du 27 avril au 22 septembre 2024, le Musée Regards de Provence présente l'exposition« Surfer sur la vague », labelisée Olympiade culturelle – Paris 2024, qui est en corrélation avec l’actualité sportive de Marseille qui s’apprête à recevoir les épreuves de voile des Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024, même si les épreuves de surf se dérouleront à la mythique, grande et extrême vague de Teahupo’o, à Tahiti. La pratique du surf et du longboard à Marseille est de plus en plus reconnue. Ce sport artistiquement spectaculaire et envoutant expérimenté par des millions d’adeptes, qui se pratique souvent dans des cadres naturels exceptionnels, a pris une forte dimension culturelle et représente une inépuisable source d'inspiration pour les peintres, sculpteurs, photographes, vidéastes ou shapeurs, dont certains sont également surfeurs.

Pour comprendre l’émergence d’un style de vie, d’un état d’esprit et d’une création artistique autour du surf, on doit considérer la planche de surf, comme un objet de design à l’étonnante histoire. Développée à l’origine par les habitants des plages californiennes et hawaïennes, la planche de surf aux lignes pures constitue une attitude qui tranche avec les codes d’une routine et cache un désir de liberté absolue. Le design des planches, sorte de discipline dans la discipline, a donné lieu d’une manière générale à de multiples évocations artistiques poétiques, décalées, psychédéliques, abstraites ou surréalistes.

Cette exposition se propose ainsi d’illustrer l’influence du surf et des sports de glisse sur la création contemporaine et les arts plastiques, et plus largement sur les cultures urbaines et les modes de vie. Dans cette pratique, les artistes ont trouvé de nouveaux gestes, de nouveaux objets, des formes inédites, de nouvelles manières d’expérimenter une véritable culture d’une ampleur planétaire. Sa dimension esthétique et émotionnelle a généré une production créative artistique, artisanale ou industrielle qui, malgré ses dérives, a assuré sa notoriété.

C’est cette diversité dans le traitement de l’évocation de surfer sur la vague qui fait la richesse de cette exposition et qui montre combien le surf procure un vivier d’expériences visuelles et artistiques. Les 19 artistes réunis sont Gilles Barbier, Sylvain Cazenave, Benjamin Chasselon, Marc Chostakoff, Frédéric Clavère, Pandora Decoster, Anke Doberauer, Luc Dubost, Nicolas Floc’h, Kosta Kulundzic, Nicolas Mallaret, Eric Maurus, Barry McGee, Olivier Millagou, Olivier Nord, Bernard Plossu, Lionel Scoccimaro, Wilbe, John Severson.

Olivier Millagou propose un clin d’œil appuyé à cette contrée lointaine de Tahiti, en façonnant une « sculpture surfable » dont la forme et le dessin sont ceux d’un tiki, sculpture polynésienne traditionnelle liée au culte des ancêtres.

Le surf puise ses racines à Hawaï au 15e siècle, où sa pratique est déjà courante ; il devra toutefois attendre le début du 20e siècle pour devenir réellement populaire aux États-Unis. Dans l’imaginaire de ses habitants, et notamment en Californie, Hawaï, État américain depuis 1898, a constitué une extension du rêve américain vers le paradis des îles. Les années 1950 sont une période de diffusion pour le surf. Les amateurs adaptent les planches traditionnelles en explorant de nouveaux formats, rendant sa pratique plus accessible pour écumer les vagues et faire des figures ; ils décorent aussi leurs planches avec une variété de couleurs et de motifs. C’est à cette époque que les chemises hawaïennes et les tikis ont inondé l’Amérique. Puis le surf s’est introduit dans les films hollywoodiens et a symbolisé la musique des années 60. La plage californienne, ses vagues, son soleil ont emballé la jeunesse, grâce aux représentations savoureuses et excitantes de la vie au bord du Pacifique. La représentation du surf est désormais associé à la beauté, la nature, la jeunesse éternelle, le plaisir, l’abondance, le rêve, la liberté. Installée à Biarritz, haut-lieu français du surf, Pandora Decoster en livre sa vision propre dans ses œuvres peuplées de jeunes femmes longilignes, sensuelles et raffinées, marquées par un jeu de courbes voluptueuses qui unit la surfeuse, sa planche et la vague elle-même.

De fait, la France n’est pas en reste et compte de nombreux spots de surfs, non seulement sur la façade atlantique mais aussi en Méditerranée, dans le Var, sur la Côte Bleue et à Marseille, où il n’est pas si rare de voir des hommes et des femmes, planche sous le bras voire en combinaison, attendre la vague – parfois impressionnante pour la région – sur une plage marseillaise au nom plein d’humour : Epluchures Beach ou, comme chez Nicolas Mallaret, devant les installations industrielles du golfe de Fos… Le photographe ciotaden Bernard Plossu se fait aussi le témoin de cette diffusion : lui qui a largement documenté les années hippies traque les surfeurs à San Francisco dans les années 1980, avant d’en retrouver la génération suivante à Biarritz vingt ans plus tard.

En filigrane, cette exposition cherche à montrer que la culture du surf dépasse très largement le pur esprit de compétition. Elle porte aussi en elle un profond respect de l’océan, et c’est ce moment d’insignifiance que les surfeurs expérimentent face aux forces de la nature. Marc Chostakoff l’illustre bien lorsqu’il nous montre la mer devenant sans crier gare un gouffre sans fond : c’est le sentiment du surfeur d’être si souvent au bord du monde et de l’abîme. Le danger inhérent à cette discipline, Anke Doberauer l’évoque de manière plus crue encore : ses peintures à l’huile, remplies de l’océan, du ciel bleu et de couleurs lumineuses, mettent à chaque fois en scène Bethany Hamilton, cette jeune et talentueuse surfeuse blonde à l’éternel sourire. Le tableau paraît idyllique jusqu’à ce qu’on s’aperçoive de sa mutilation liée à une mauvaise rencontre avec un requin…

Ce sont ainsi des batailles gagnées et perdues, tant avec les autres surfeurs qu’avec eux-mêmes. Ce sont ces personnes qui vivent où la mer et la terre se rencontrent. C’est une vision de jeunes talents et des icônes vivantes, des légendes vénérées, des surfeurs de compétition aussi bien que de libres inconnus, dans toute leur force et leur vulnérabilité – au point d’engendrer une implication toute particulière des surfeurs face aux dérèglements que l’homme inflige à la nature.

Ainsi, le contexte environnemental touche les surfeurs et par extension les artistes qui s’emparent et se préoccupent des questions de pollution marine, d’écologie, d’innovations techniques, de recyclage et de protection des surfeurs. La pratique du surf a aussi des vertus sociales et inclusives puisqu’elle permet aux publics en situation de handicap et à des jeunes en difficulté d’insertion de vivre un épanouissement personnel et de découvrir les émotions que procurent les sports de glisse.

Le commissariat de l’exposition est assuré par Richard Leydier, ancien directeur de Art Press, Adeline Dumon, directrice du Musée Regards de Provence et Pierre Dumon, président de l’Association Regards de Provence. Un catalogue reproduit l’intégralité des œuvres présentées, associées à des textes et commentaires du commissaire, Richard Leydier.

Informations pratiques et Visites du Musée Regards de Provence
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h
Billet exposition temporaire : Plein Tarif : 8,50€. Tarifs  réduits: 7,50€ – 6,70€ – 5,70 € – 4,00€ – 3,00€.
Visites commentées hors groupe : tarif d’entrée + 7€ /pers. (hors groupe), le mardi et samedi à 15h sur réservation.
Visites commentées pour groupe : tarif d’entrée + 7€ /pers., tous les jours sur réservation.
Visite commentée gratuite hors groupe le premier samedi de chaque mois à 10h30, hors droit d’entrée (plein tarif) sur réservation (6 à 25 personnes).

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