André MARCHAND (1907 – 1997) – Itinéraire d’un peintre ou les chemins de la solitude

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PALAIS DES ARTS
DU 1er JUIN AU 16 SEPTEMBRE 2007

Rétrospective de  l'oeuvre d'André Marchand à l’occasion du centenaire de sa naissance. La Fondation Regards de Provence souhaite mettre à l’honneur l’aventure plastique dense et féconde du grand artiste aixois, André Marchand qui, à son époque, fut salué par la critique et considéré comme « l’un des artistes les plus importants de l’après-guerre ».

Peintre à époques, les compositions majeures de son œuvre – ensembles de personnages, portraits, nus, paysages, natures mortes –, parfois violentes, souvent passionnées, mais aussi contenues et poétiques, sont révélées par l’exposition « André Marchand – Itinéraire d’un peintre ou les chemins de la solitude ».

André Marchand, mort il y a dix ans, a laissé une œuvre considérable qu’il est intéressant de redécouvrir pour lui rendre toute sa place méritée dans l’histoire de l’art du XXème siècle. Cette rétrospective est présentée à Marseille, dans les salons du Palais des Arts, du vendredi 1er juin au dimanche 16 septembre 2007, et à Saint-Rémy-de-Provence, dans le Centre d’Art Présence Van Gogh, du samedi 22 septembre au dimanche 25 novembre 2007.

Son œuvre reflète la vision d’un peintre qui n’existe qu’en communion étroite avec la nature, dont il est fasciné et fusionnel. « Ce dialogue avec les éléments permet au peintre de projeter sur la toile ce qui reste invisible et de révéler des choses cachées à notre entendement, » écrit Jacques Lassaigne. Durant toute sa vie solitaire, il s’inspire de « ses trois territoires » de prédilection – la Provence et ses paysages singuliers, la Bourgogne rurale profondément terrienne et Belle-Ile en Mer propre à la méditation – En résulte d’abondantes séries de compositions saisissantes, dont la couleur et la lumière sont des obsessions pour l’artiste.

Les thèmes de sa période monochrome déclinent de vastes horizons tristes, des oliviers chétifs, des plages désertes aux éclairages lunaires, des paysans énigmatiques ou des pêcheurs émaciés, statiques et muets sous le poids de leur destin.

Sa consécration indiscutée révélée par le prix Paul-Guillaume qu’il obtient en 1937 pour son tableau La Jeune fille et le Paralytique, lui permet de se consacrer sans réserve à son œuvre et d’être soutenu par des amateurs et marchands. L’évolution de son travail, à la fois cérébral et sensoriel, est soulignée par l’apparition de la couleur intense, de la construction et du mouvement dans son œuvre expressive et excessive, et par la volonté d’abstraction qui tente de vaincre le réel, sans jamais l’abandonner.

Sa Provence natale reste au cœur de son inspiration et s’il tourne souvent le dos à Aix, – tout en étant attentif à la leçon de Cézanne -, il aime Arles et se prend de passion pour le Delta du Rhône et les Alpilles. En Arles, il est séduit par la rigueur romaine de son architecture mais aussi par les femmes qu’il peint de nombreuses fois rêveuses, parfois tristes et de noir vêtues, assises, la plupart du temps, dans l’espace vide d’une chambre, « … que je construis dans sa nudité de murs, ainsi que le paysage inscrit dans la fenêtre ».

Les Baigneuses, comme Les Arlésiennes, mettent en exergue la rigueur des compositions, la véracité des traits des visages et ses femmes nues, aux contours charnels, posent détendues et alanguies.

Sa période consacrée à la Camargue, dans ce « Delta du Rhône » qui l’attire, tant par son silence que sa faune, dévoile le rythme des flamants roses en vol, des hirondelles sillonnant le ciel d’Arles, des mouettes des Saintes Maries, et le flegme errant des taureaux noirs. « Une notion nouvelle m’apparaît, traduire le lyrisme de l’univers, la joie de cet univers à l’intérieur même de son silence effrayant, de sa lumière renouvelée sans cesse ».

De la Bourgogne, l’artiste découvre des bois profonds, des animaux des forêts et une communion intense avec la terre. 
Plus tard, les séjours réguliers à Belle-Ile en Mer sont à l’origine des séries Respirations marines, qui conduisent à la frontière d’une abstraction dictée par la fusion de l’air et de l’eau. 
L’influence de son séjour au Mexique renouvelle ses thèmes imprégnés de l’esprit d’une forte culture et, de ses voyages en Italie, il rapporte des témoignages empreints des traces romanes.

Le parcours du peintre est aussi ponctué de « vies silencieuses » (ou nature mortes), dépouillées, austères et structurées en aplats, aux couleurs heurtées et laquées. Tout au long de sa carrière, Marchand attire l’attention sur lui et son œuvre, suscitant engouements, oppositions intenses et critiques faciles auprès de marchands, collectionneurs, critiques d’art, écrivains et poètes. 
Son œuvre est répandue dans le monde entier et des rétrospectives ont eu lieu, entre autres, à Tokyo, New Delhi, New York, Sao Paulo, Mexico, Londres, Venise, Bâle, Lyon ou Marseille.

Solitaire, sensible et d’une grande affectivité, son entourage regrettait qu’il se soit isolé du monde les cinquante dernières années de sa vie, à contrario de certains, qui occupaient sans retenue tout le terrain médiatique. En 1970, le Carnet des Arts, écrivait à son sujet : « … Il y a quelque vingt-cinq ans, son influence était telle sur les jeunes peintres qu’il ne tenait qu’à lui de devenir chef de file. Il était considéré comme le plus grand peintre vivant. Il s’est alors retiré dans une solitude hautaine. »

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