Pierre AMBROGIANI – Le gourmand de couleurs

Affiche Ambrogiani

PALAIS DES ARTS
DU 8 MAI AU 7 SEPTEMBRE 2008

La grande rétrospective de l’œuvre de l’artiste marseillais Pierre Ambrogiani (1907-1985) a rencontré un vif succès à Marseille. Pierre Ambrogiani a célèbré la trentième exposition de la Fondation Regards de Provence, qui fête ses dix ans en 2008. Cet artiste expressionniste, gourmand de couleurs, est toujours un protagoniste méridional très apprécié par le public français et représente aussi une personnalité de taille internationale, qui porte haut les couleurs de la modernité en Provence.

L’exposition « Pierre AMBROGIANI – Le gourmand de couleurs » présente plus d’une centaine d’huiles, de dessins et de sculptures sur des scènes de vie, des paysages, des portraits et des natures mortes en Provence, à Paris, à Cherbourg et à Marrakech, qui pour la plupart n’ont jamais été montrés au public.

Pierre Ambrogiani (17 janvier 1907 à Ajaccio – 1985 à Marseille) est un artiste expressionniste et coloriste. C’est un peintre de compositions à personnages, figures, portraits, nus, paysages ou natures mortes. 
Sa jeunesse fut baignée dans l’ambiance populaire du grand port méridional, dont il devait devenir un protagoniste très apprécié et particulièrement haut en couleur. Dès l’âge de 12 ans, il devint « petit télégraphiste » à Marseille, et s’adonna parallèlement au dessin et au modelage.

À partir de 1937, il put se consacrer exclusivement à son art et participa au Salon d’Automne dont il devint sociétaire, au Salon des Peintres Témoins de leur Temps. Sa popularité s’est construite sur la production audacieuse de très nombreuses natures mortes de poissons de la Méditerranée, dont il était un fervent amateur, et des paysages côtiers et ruraux de Provence qu’il réalisait dans une peinture fournie et pâteuse, où il accumulait les effets de profusion de la matière et des couleurs.

Dans son œuvre, Ambrogiani s’inspire de son pays aux multiples facettes, d’où émerge une Provence solaire, dominée par l’omniprésence de la lumière. La Provence, définie par Mistral comme « l’empire du soleil », devient un atelier de la peinture moderne. Son œuvre passionnée a incarné la poésie d’un coloriste enthousiaste et populaire, gourmand de natures mortes aux fruits d’été, bâtisseur de paysages à l’architecture puissante, donnant l’impression d’une troisième dimension. Il cultive aussi le nu, propice à toutes les recherches de trait et d’occupation de l’espace par le sujet, dans lequel il ne cessera de travailler et d’exceller.

Un peu partout en Provence – Nîmes, Aix, Toulon, Avignon – se forment alors des écoles locales. Marseille conserve sa place de leader et Pierre Ambrogiani consacre à la Provence quelques belles pages de l’histoire de l’art contemporain. Avec ses amis peintres et artistes du Cours d’Estienne d’Orves à Marseille (Antoine Serra, Antoine Ferrari, René Seyssaud, Auguste Chabaud et d’autres), ils se rassemblaient à l’heure apéritive devant le comptoir du bar du « Péano », où le poète improvisait sa chanson, le peintre l’éclairait de sa palette solaire et le journaliste accumulait notes et bons mots sur son carnet de route. Son lien d’amitié avec Chabaud et Seyssaud, si différents dans leur peinture, fut indispensable aux novations à venir.

Son nom est indissociable de ceux de Pagnol, Giono, Carco, Utrillo, Pignon, Buffet, Malraux, qui furent ses jalons et référents. Tout au long de sa carrière artistique à Marseille, Paris ou ailleurs, il côtoie Rouault, Soutine, Chagall, Friesz, Picasso, Audibert, Desnoyer et d’autres personnages talentueux.

Il fut présent à de nombreuses expositions collectives d’art français contemporain en France et à l’étranger de 1948 à 1980, comme à Paris, Marseille, Toulouse, New-York, Londres, Oxford, Philadelphie, Turin ou Zurich. Il devient au fil des années une notoriété hexagonale et une personnalité de taille internationale, qui porte haut les couleurs de la modernité en Provence.

Son côté novateur est indéniable, mais l’aspect d’apparence inaboutie de ses tableaux attire parfois toutes sortes de critiques. Antoine Serra de répondre : « Il est placé très haut : c’est pour cette raison qu’ils n’ont pu le comprendre… La puissance de son trait nous dépasse, son imagination est très grande, trop grande pour nous… Ambrogiani est un fort et grand artiste qui fait honneur à notre Maison de la Culture » et de Marcel Pagnol de rajouter des années plus tard : « …je dis qu’en face de ses Natures mortes, de ses fermes, de son faucheur, il n’est pas ridicule de prononcer le nom de Cézanne ».

Tel un maçon, il utilisa le couteau et la truelle pour accoler dans son œuvre des blocs de couleurs différentes scintillantes. Il réhabilita l’alchimie des teintes oubliées, telles le bleu de mer, le vert d’eau, l’orange vif ou le jaune souffre, influencé probablement par ses aînés, Monticelli et Seyssaud. Ses œuvres dévoilent une Provence moderne, où les formes se dissolvent dans la couleur. Allant de plus en plus vers le dépouillement de la forme et du dessin, il se rapproche d’une abstraction volontiers figurative dont de nombreux suiveurs s’inspirent toujours.

 

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