La Corniche de Tamaris

Vincent Courdouan (1874)
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  • Auteur : Vincent Courdouan
  • Matériel, Technique :Bois, Huile sur toile
  • Année : (1874)
  • Copyright : (Jean Bernard)
  • Taille : H. 0,55 ; L. 0,9 m

"En un clin d'oeil, Courdouan nous transporte dans la baie de Toulon au XIXè."

Damien Leclere, commissaire priseur

La corniche de Tamaris, Baie de Toulon

Vincent Courdouan, chef de file de l’École toulonnaise, a vécu toute sa vie dans le sud de la France. Très attaché au « Midi », c’est en hommage à sa Provence bien-aimée qu’il peint La corniche des Tamaris.

Courdouan a 64 ans lorsqu’il se consacre à cette védute, cet instantané pris par l’œil du peintre de ce paysage mi urbain, mi naturel. Ce format marine, où le ciel et la mer ont une place de choix, est une description réaliste du littoral et des mœurs contemporaines. Un quasi « cliché » qui révèle immédiatement au public le lieu retranscrit. Comme nombre de ses contemporains, Courdouan est charmé par la côte toulonnaise. Pour cause, au 19ème siècle, la rade de Toulon, point de départ de nombreuses expéditions maritimes et militaires, est la plus grande rade d’Europe. La corniche des Tamaris est un magnifique témoignage de ce que pouvait être le Toulon prospère de l’époque. Vue panoramique prise de la plage des Tamaris dans la baie de Saint-Mandrier à la Seyne-sur-Mer, on reconnaît le fort de Balaguier sur la gauche du tableau. En contrebas, on retrouve le symbolique palmier, référence à l’orientalisme et aux voyages du toulonnais en Algérie et en Egypte. Le peintre décrit un havre de paix où pêcheurs et bourgeoises se côtoient avec humilité. Quand les laborieux occupent le rivage pour étendre leurs filets, les oisives se prélassent sous leurs ombrelles, admirant le spectacle qui leur est offert.

Quand en 1874, Vincent Courdouan se consacre à cette Corniche des Tamaris, le milieu artistique parisien est en effervescence : l’impressionnisme se joue. Le jury du Salon officiel de Paris vient de refuser d’exposer les toiles d’une trentaine d’artistes parmi lesquels figurent Cézanne, Renoir, Monet, Pissarro… Exclus du Salon officiel, ils décident de s’associer et de faire leur propre exposition.

Peintre classique, Courdouan choisit d’ignorer cette révolution picturale, « dont la modernité (lui) demeurera étrangère » expliquait Jean-Roger Soubiran, ancien conservateur du musée de Toulon et spécialiste de la peinture provençale. « Il croit à un idéal de beauté servi par le souci de l’exécution, la primauté du dessin, l’équilibre de la composition. Un art d’harmonie et de clarté, qui, sans exclure le lyrisme, se fonde sur une observation scrupuleuse ».

En 1874, le peintre toulonnais n’a en effet plus rien à prouver car il a connu le succès de son vivant. Il n’a que 28 ans lorsqu’il reçoit sa première récompense au Salon de Paris. De nombreuses décorations suivront. Dessinateur hors pair, il est nommé professeur à l’École de la Marine de Toulon puis directeur honoraire du musée de la ville. Il atteint son apogée à 52 ans lorsque l’écrivain provençal Frédéric Mistral l’admet au Félibrige, prestigieuse association littéraire dont le dessein est d’assurer la défense des cultures régionales traditionnelles. Son génie réside dans sa capacité d’adaptation. Pour preuve s’il est avant tout un dessinateur émérite, il s’initie à la peinture à l’huile et s’y emploie avec brio : l’huile sur toile La corniche des Tamaris en est l’illustration.
Provence du mythe, Provence paradisiaque : Courdouan se dédiera à la renaissance de l’identité régionale « face à la centralisation parisienne »*.

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