Cassis, Port de la peinture au tournant de la modernité

Affiche Expo CASSIS Musee Regards de Provence

MUSÉE REGARDS DE PROVENCE
DU 28 Juin au 6 Octobre 2013
Le musée est ouvert tous les jours de 10h à 18h, nocturne le vendredi - 21h
Tarif normal : 6 € - Tarifs réduits : 5 € - 4 € - 2 €.
• Visite commentée gratuite, hors groupes, sur réservation le dimanche à 10h30 : tarif d’entrée uniquement (8 à 30 personnes maximum)
• Visites commentées pour les groupes sur réservation du lundi au samedi : tarif d’entrée + 6 € / personne (8 à 30 personnes max.)
• Visites commentées, hors groupes, sur réservation : mardi, jeudi, samedi et dimanche à 15h : tarif d’entrée + 6 € / personne (8 à 30 personnes max.)

Le Musée Regards de Provence met à l’honneur l’exposition temporaire « Cassis, port de la peinture. Au tournant de la modernité (1845-1945) », réparti entre deux sites, à Marseille et à Cassis dans les Salles Voûtées et le Musée Municipal d’ATP, du 28 juin au 6 octobre 2013.

L’exposition fait découvrir en Cassis un référent majeur de la peinture provençale mais aussi un des lieux privilégiés où s’est inventée la modernité picturale et ont afflué des peintres de tous horizons. Peu d’artistes majeurs ont manqué au rendez-vous que leur assignait ce petit port dont Mistral avait fondé la renommée.

1845–1945 :
Il a fallu que la route de Marseille fût construite en 1840 et que la voie ferrée y achemine en 1859 les voyageurs pour que Cassis devienne accessible plus aisément que par mer ; du coup, en ces temps où, avec Loubon et Guigou, la peinture provençale prend son essor, le site cesse d’être objet de curiosité pittoresque pour devenir paysage, soit motif esthétique et objet de recherches picturales. Un siècle plus tard, un monde s’achève, une autre histoire commence, celle des loisirs de masse : la route s’est élargie, le vignoble et les calanques avoisinantes ont été classés, le port est devenu station balnéaire, le voyageur est remplacé par le vacancier, l’hivernant par l’estivant, le cinéma et la bande dessinée tendent à prendre le relais des peintres.

Tradition et modernité :
Faisant pièce à l’impressionnisme autant qu’à l’académisme, l’école de paysagistes marseillais est assidue sur les lieux : vues de calanques sublimes chez Ponson, doux enclos du port chez Garibaldi, scènes de la vie quotidienne saisies par Guigou, autant de façons de restituer à une clientèle bourgeoise le décor de ses balades favorites, d’accompagner l’essor des Excursionnistes locaux et de poursuivre en images l’ode à la Provence éternelle dont Mistral s’est fait le chantre en 1867 dans « Calendal ».

Mais qu’en 1884 la fougue effervescente de Monticelli touche les façades du port ou qu’en 1889 Signac restitue le miroitement de la lumière sur la plage ou sa réverbération sur le Cap, et c’est tout autre chose qui se joue : entre expressionnisme et pointillisme, la modernité vient de débarquer. Dès lors, autant qu’une certaine douceur de vivre, la lumière du Sud déployée par Van Gogh et les recherches de Cézanne sur le motif attirent les novateurs du Nord. Année décisive, 1907 : entre fauvisme et cubisme, Derain et Friesz trouvent leur voie à Cassis, l’un vers le cloisonnement des formes, l’autre vers l’arabesque baroque. Parisiens, Manguin et Picabia s’éprennent du lieu, tout comme les Marseillais Camoin, Verdilhan et Girieud.

Les années folles sont à Cassis celles d’un « Montparnasse méditerranéen » mais aussi du « Bloomsbury sur Méditerranée » : peintres parisiens ou bretons, coloristes écossais, libertaires anglais mais aussi peintres irlandais, grecs, roumains, allemands, russes, américains et même australiens et néo-zélandais y côtoient les artistes du cru. Dernier afflux notable : les réfugiés de la Deuxième Guerre, avant qu’ils ne soient contraints par l’occupant de s’exiler plus loin. Seul restera le résistant Rudolf Kundera.

Un haut lieu de la peinture :
Collioure et l’Estaque firent date ponctuelle. A Cassis, un siècle durant, ce sont plus de 200 peintres qui ont confronté leur art au paysage. S’y sont rencontrés ou succédé amoureux du référent et fervents des signes exaspérés de l’art, tenants de la forme et partisans de la couleur, les uns assagissant les autres et les seconds enfiévrant les premiers. Que de variations sur le village, la vie du port, les plages, l’abrupt du Cap, la douceur des vignes, l’étincelance des calanques !

Irisé par Signac, alangui par Garibaldi, éclaboussé d’or par Monticelli, recomposé par Ponson, soulevé par Olive, étiré par Courdouan, détaillé par Guigou, dramatisé par Seyssaud, cerné par Derain ou Guindon, baroquisé par Friesz, noirci par Picabia, éclairci par Peploe ou Fergusson, renoirisé par Camoin, investi par la sensualité de Manguin, rêvé par le pastel de Lévy-Dhurmer, cubisé par Herbin ou Fry, délinéé par de Staël, caricaturé par Grosz, subverti et réinventé par Wols et Dubuffet, Cassis a vu sa géométrie fluctuer au gré des styles et ses images brassées en perturber la stricte ordonnance. Ce « paradis terrestre », comme le nomme Picabia – et Virginia Woolf n’hésite pas à le déclarer « absolute heaven » –, est, dit Friesz, « riche de toutes les variations possibles » ; Manguin, de son côté, y découvre « de partout des arrangements merveilleux ». Mais ce « pays où il y a de splendides paysages, certainement plus beaux que ceux de Collioure » est, de l’aveu de Derain, « trop beau ». Et de commenter : « C’est noble, c’est grand, c’est épatant ». Ce paradis est aussi le désespoir du peintre. Par l’ampleur de son site et l’ardeur de ses couleurs, Cassis est devenu un défi à relever. Pour nombre d’entre eux, le relever fut l’occasion de se révéler à soi.

Par delà son renom de petit port de pêche ou de station balnéaire, Cassis apparaît ainsi non seulement, et sur une longue période, comme un centre d’attraction international et un foyer incomparable de création, mais surtout un haut lieu de la peinture où se sont affrontés un paysage et ses représentations.

Les abords et l’intérieur du musée bénéficient d’aménagements appropriés pour les visiteurs individuels ou en groupes à mobilité réduite, assurant ainsi un accueil de qualité.
L’accès au Musée Regards de Provence se fait par :
Métro 1 : Station Vieux-Port/Hôtel de Ville
Métro 2 : Station Joliette
Tramway T2 : Arrêt République/Dames ou Joliette
Bus : n° 82 (Arrêt Littoral Major ou Fort Saint Jean)
et n° 60 (Arrêt Fort Saint Jean/Capitainerie)
Voiture : Parking Vieux-Port/Mucem (Sortie Major/Regards de Provence)

Cassis . Port .

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