Jean-Baptiste OLIVE – Prisme de Lumière

Affiche JB_Olive

PALAIS DES ARTS
29 AVRIL 2008 AU 25 JANVIER 2009

Dans le cadre de la célébration des dix ans de la Fondation Regards de Provence, la plus grande rétrospective de l’œuvre de  est organisée dans les salons classés du Palais des Arts, à Marseille. La Fondation Regards de Provence - Reflets de Méditerranée - met à l’honneur l’œuvre de l’artiste marseillais Jean-Baptiste Olive (1848-1936). Cette exposition « Jean-Baptiste OLIVE – Prisme de lumière » présente plus d’une centaine d’huiles, d’aquarelles et de dessins sur des marines, des paysages et des natures mortes en Provence, sur la Côte d’Azur, dans le Nord de la France et en Italie.

Cette rétrospective a accueilli 24 904 visiteurs, ce qui est un record absolu pour l’Association. Cet évènement a célébré un grand nom marseillais et ce taux de fréquentation est très important pour la ville et sa région, en dehors des taux de fréquentation pour des évènements présentant les grands maîtres incontournables de la peinture, dont on a vu certaines œuvres sur les cimaises de la Vieille Charité avec van Gogh-Monticelli.

La Fondation et l’Association Regards de Provence remercient tous ses visiteurs, ses partenaires, les médias et tous ceux qui contribuent à la réussite de leur action.

Jean-Baptiste Olive est reconnu pour son talent de mariniste, mais il brosse aussi des paysages du Nord au Sud, avec une prédilection pour la terre de son cœur : la Provence et sa Côte d’Azur. Il peint abondamment Marseille, son Vieux-Port, ses îles et ses rivages, et les façades maritimes de Martigues à Monaco. Il s’inspire des accents du climat – chaleur éblouissante et mistral entêtant -, et explore tous les aspects du soleil sur la nature, révélant un crescendo chromatique affirmant la palette d’un coloriste authentique.

Dans son œuvre, l’artiste alterne violence et douceur des tons, traités avec une profonde conscience du beau et du vrai – perfectionnisme dont il fait preuve tout au long de sa vie. Ses chatoyantes natures mortes illustrent cette même passion et justesse, où chaque détail est exprimé avec netteté et sincérité, à l’image de la personnalité du peintre.

L’homme

Jean-Baptiste Olive est issu d’un milieu très modeste, mais son ami Etienne Cornellier, intuitif des dispositions du jeune homme, le pousse à s’inscrire à l’Ecole des Beaux-arts, où sa collaboration à la décoration est remarquée et récompensée chaque année, s’achevant en 1871 par un Premier Prix en classe de modèle vivant.

Apprenti décorateur, Jean-Baptiste Olive débute en tant qu’artiste aux côtés de Gustave Julien et d’Etienne Cornellier. Ce dernier l’emmènera à Paris, où le jeune peintre vit son « baptême » artistique et participe à la décoration du Cirque d’Hiver, du Sacré Cœur de Montmartre et de quelques pavillons de l’exposition universelle de 1889. 
Dès 1874, il participe au Salon de Paris et obtient plusieurs prix au cours des années suivantes. Il devient sociétaire du Salon des Artistes Français en 1881 et reçoit la Médaille d’argent en 1889 pour l’Exposition Universelle.

Ses années parisiennes, ses fréquentations avec Antoine Vollon et Robert Mols, ses amitiés avec, entre autres, Raymond Allègre et Théophile Décanis, ses voyages et ses succès artistiques réveillent en lui une vive avidité. L’artiste est un travailleur acharné, méthodique, discret et attentif. 
Il possède l’intelligence des ambitieux et embrasse avec intégrité cette qualité qui le portera au sommet.

Il n’est ni le peintre des sentiments, ni celui des attitudes, encore moins du portrait – il n’est pas flamboyant. Dans son œuvre, il n’y a pas de référence à l’actualité du moment, à l’Histoire, voire même à l’évolution urbaine, économique et industrielle. Il est en marge, solitaire, aucune influence ne l’atteint : l’impressionnisme, le post impressionnisme, le symbolisme, le nabisme, le fauvisme, le cubisme, voire à l’inverse l’académisme. Ses Natures mortes 
Jean-Baptiste Olive, à la sortie d’un apprentissage classique à l’école des Beaux-arts de Marseille, va adopter le goût du Maître Jean-Baptiste Siméon Chardin et de son disciple au XIXième siècle Antoine Vollon, pour les mises sur tables d’abord frugales puis opulentes et variées, plus inspirées des hollandais composées comme un thème central et non plus un accessoire.

Olive s’inscrit dans la contemplation d’une noble rusticité, où les accessoires et les étoffes chatoyantes viennent constituer l’écrin idéalisé où s’épanouit une branche de cerisier ou une poignée de fraises fraîchement ramassée. 
Le rendu des ses natures mortes est lisse, la composition d’une rigueur et d’une simplicité classique, la consistance, le volume et le scintillement exemplaires et sa sensibilité méditerranéenne apporte chaleur et sensualité à ses produits de la terre (fleurs et fruits les plus connus (pêches, prunes, raisins) ou les plus rares (grenades, melons, fraises des bois)).

Ses voyages

Les voyages de Jean-Baptiste Olive en France et en Italie du Nord conditionnent son approche de la lumière. Les atmosphères particulières de Venise, de Gênes et du Tréport sont indubitablement à l’origine d’un artiste, d’un art et d’un geste.

Son séjour en Normandie inspire à l’artiste une palette moins violente, plus nuancée, une douceur des contours, atténués par les voiles de brumes, en contraste avec l’intensité solaire du sud et de sa Provence éblouissante et vive. 
Ses « Venise » sont des peintures de plénitude, qui rendent l’atmosphère lumineuse et dense, retenant la fugacité de la lumière. Il y découvre un miroir architectural imprégné de mystère baignant dans une alliance indescriptible d’opacité et de transparence.

Ses marines et ses paysages

Le centre de l’œuvre d’Olive est principalement la mer, ses rivages et ses ports qui restent des images idylliques, instantanées où l’homme devient un accessoire – comme un pêcheur « posé » sur un rocher de la corniche, un simple santon anonyme prétexte ou référence d’équilibre pour sa composition. Le « temps » de la lumière, sa pénétration sur la terre, sa diffusion, ainsi que sa nature fugitive sont les éléments qui construisent son œuvre.

Sa maîtrise de l’architecture des navires, digne d’un ingénieur naval, et sa connaissance parfaite de l’environnement ont été acquises lors des leçons académiques de L’Ecole Marseillaise, après avoir observé Gustave Julien, mariniste respectant religieusement l’art de la composition et de la mise en scène classiques. 
Comme bien d’autres artistes provençaux, il est attiré par l’union du rivage et de la mer, ce mélange fusionnel d’eau, de ciel et de terre, fasciné par cette nature originelle – cette beauté sauvage et douce à la fois. De la confrontation du calme des rivages et de la fureur de la tempête naît une poétique qui transcende le simple paysage.

Olive est animé d’un grand souci de simplicité et de vérité. Il se confectionne ce qu’il appelle sa « bibliothèque » d’images, une pléthore de petites esquisses à l’huile, à l’encre ou encore au crayon, sur des supports les plus divers, certainement ceux qui étaient à portée de main : boîte d’allumettes, fond de caisse ou de tiroir en bois, papiers bleu, jaune et beige. Ses ébauches sous le bras, il se rend dans son atelier où le véritable travail commence. 
A la fois peintre de plein air et d’atelier, Olive est à la croisée entre la tradition et la modernité.

Le peintre s’inspire d’angles novateurs, plus plongeants, plus dynamiques, notamment pour ses entrées du Vieux-Port vues du Pharo, grâce aux photographies de ses amis les Frères Cayol. Porte sur la Méditerranée, dont le cœur bat au rythme des allées et venues des bateaux, la vieille phocéenne offre un spectacle permanent. 
Jean-Baptiste Olive vend l’exotisme et le charme de cette authenticité, respectivement à Paris et dans le Midi, et en devient célèbre.

De Martigues à Menton, de Gênes à Venise, l’artiste chasse les colères et les tendres failles de la Méditerranée, tente désespérément de capturer l’essence de la mer, prisme aux facettes infinies. Henry Dumoulin définit « ses éblouissantes marines », comme de « vigoureuses toiles qui chantent les splendeurs […] des blancs rochers de notre Corniche et l’immensité bleue de la mer latine ». Les œuvres de l’artiste tentent de nous transmettre cet instant où la lumière se brise au contact du monde, s’y reflète et irradie. La couleur jaillit, omniprésente, y compris dans des « noirs » verts, violés, bleus.

Conçu de manière très personnelle, l’espace est construit entre souci de réalisme quant aux détails du moment – instant du jour, silhouettes humaines et voiles de navire – et obéissance approximative aux conventions de profondeur et d’échelle. La perspective géométrique stricte est sacrifiée à l’harmonie de l’ensemble et à l’atmosphère qui en émane. 
Réminiscence de sa formation de décorateur, l’artiste, souvent accusé d’exagération « marseillaise » dans la démonstration de sa vision, cherche avant tout à susciter l’émotion plutôt que la prouesse technique.

Et pour ce qui est de la terre, c’est avant tout la roche, celle « du bout du monde » comme le souligne Marie-Paule Vial (Le paysage en Provence, 2005). Au-delà du cap croisette, après la Corniche, après la Pointe Rouge, après les Goudes, au-delà de Callelongue ! Là où la terre se termine et où commence l’histoire de la mer. 
Mais rien ne l’éloigne de la mer. Et si la terre est présente, elle borde les contours avec souvent une ou plusieurs silhouettes prétextes à la vie. La terre il l’aime, violentée par une déferlante de vagues…

Dans son œuvre, le paysage devient une rencontre conflictuelle et passionnée entre son tempérament intense mais réservé, et celui d’une Provence brûlante et généreuse. En marge de la Provence minérale illustrée par Loubon, et celle plus « grise » d’Alfred Casile, l’artiste explore une palette nouvelle.

Les honneurs

Ses premiers envois au Salon des Artistes Français datent de 1874 alors qu’il demeure encore à Marseille. La simplicité et l’authenticité de ses thèmes sont remarquées par les critiques. 
Pourtant, il ne reçoit aucune autre récompense que des regards curieux avant 1882, date à laquelle sa « Plage du Prado par un temps de mistral » remporte une Mention Honorable. 
Année de succès, à la fois professionnel et personnel, 1882 marque le début d’une longue carrière artistique qui sera couronnée par l’obtention du prix Léon Bonnat en 1930… Jean-Baptiste Olive a 82 ans.

Ainsi, il n’expose que de manière ponctuelle aux divers Salons provençaux. L’artiste se retire vite de la scène marseillaise. Dès 1878, il part explorer d’autres horizons. Olive n’est ni ingrat ni inconsidéré, mais tout simplement happé par le besoin de reconnaissance. Là où il pensait n’être qu’un parmi d’autres, il conçoit que peindre des ports de Marseille sur les bords de la Seine en font un artiste original et fier de ses origines.

Il est doté d’une profonde humilité quant à son talent et n’a pas ressenti le désir de transmettre son savoir à aucun élève. Cependant, Jean-Baptiste Olive laissa perplexes autant de critiques et de galeristes que d’amis, fascinés par le contraste entre une peinture éblouissante de clarté et un peintre à la personnalité complexe et introvertie, à l’inverse de l’exubérance provençale.

Il a su se faire une place d’honneur dans la vie et le cœur des personnes rencontrées au cours de sa carrière et de nombreux mécènes l’ont soutenu. En 1948, 10 ans après sa disparition, le Musée Cantini à Marseille lui consacre l’exposition du centenaire de sa naissance dévoilant 82 œuvres de sa vaste carrière artistique.

Olive s’est installé dans l’inconscient des patriotes marseillais. Sa présence domine ce courant paysagiste maritime, l’un des plus encouragés par l’engouement des générations successives d’amateurs. 
Les enfants de ceux qui ont bâti la cité phocéenne moderne tout en dispensant aux arts et aux artistes un peu de leur richesse perpétuent la mémoire de ce que Jean-Baptiste pensait être à juste titre … l’âge d’or de la Provence !

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