Les trésors cachés du Sacro Monte di Orta

Implanté sur les hauteurs boisées du lac d’Orta, ce mont sacré est un chemin de dévotion, datant du XVIIème siècle, composé de vingt chapelles, que le public ne peut admirer qu’à travers des grilles. Décorés de peintures murales et de statues en terre cuite polychrome grandeur nature, ces sanctuaires illustrent des épisodes de la vie de Saint François d’Assise. L’exposition, « Les trésors cachés du Sacro Monte di Orta », réunit plus d’une centaine de photographies de l’artiste Christian Ramade et reconstitue deux chapelles, restituant l’enchantement de ce lieu magique et sa richesse historique et culturelle. Cette exposition est présentée du 2 octobre 2010 au 16 janvier 2011 dans les salons du Palais des Arts à Marseille et sera ensuite révélée à Orta et Turin en 2011.

Cet évènement n’a pas vocation à examiner les peintures murales, les plafonds et coupoles et les 376 statues, sous l’angle de l’histoire de l’art ou celui de la théologie. Il témoigne de la diversité et du pittoresque de ces œuvres et en illustre le fonctionnement par le biais du regard inventif et perspicace de Christian Ramade, qui, ayant franchi les grilles et claustras, s’est s’immiscé au milieu des sculptures pour prendre des vues rapprochées des mises en scène et des personnages dans leur intimité.

Pour s’immerger dans l’ambiance des scènes emblématiques de la vie de Saint François, les salons d’exposition du Palais des Arts accueillent sur leurs cimaises des photographies grand format de dimensions très variées (40 x 60 cm ; 80 x 53 cm ; 80 x 120 cm ; 95 x 200 cm  ou de plus grandes dimensions) et crée deux chapelles (sur bâche en taffetas translucide de 3 m de hauteur) à partir d’images panoramiques réalisées avec une grande habileté visuelle. Ainsi le photographe s’inscrit dans la lignée des sculpteurs qui modelèrent, avec une virtuosité jamais prise en défaut, les acteurs de ce théâtre sacré. Les figurants créaient l’illusion de la vérité des scènes qu’ils organisaient, Christian Ramade restitue la vérité de leur art de l’illusion. Ces images contribuent de concert à toucher la sensibilité et à élever l’esprit des pèlerins et visiteurs de l’exposition.

La construction du complexe religieux s’est déroulée en trois phases distinctes entre 1590 et 1757. Chaque période a laissé des empreintes décoratives différentes, du classicisme de la Renaissance au rococo en passant par le baroque. Sculpteurs et peintres au fil des siècles ont conçu avec réalisme et sobriété ces groupes de statues et de nombreuses peintures murales des scènes de la vie du Saint. A ces travaux artistiques se sont ajoutés ceux des artisans locaux qui ont créé de lourdes portes, grilles et claustras en bois et fer forgé.

Les photographies par Christian Ramade des personnages regroupés en scènes, des portraits de personnages sculptés, mettent en valeur leurs expressions singulières que d’ordinaire l’on remarque peu quand on regarde les scènes comme un spectacle d’ensemble. Ce faisant, l’attention est aussi portée sur le fait que l’efficacité figurative des scènes représentées repose sur le trompe-l’œil, pour des raisons d’économie. Personnages peints et sculptés se mêlent ; ces derniers ne sont souvent modelés qu’en partie. L’illusion est reine.

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